Contrairement à l'image populaire du cheval ruminant paisiblement dans les pâturages, son système digestif est loin de ressembler à celui des ruminants. Bien que herbivore, le cheval ne possède pas un estomac polygastrique. Son appareil digestif est unique et hautement spécialisé, adapté à son mode de vie et à son régime alimentaire. Décryptons ensemble les spécificités de ce système fascinant.

Les ruminants, comme les bovins, les ovins et les caprins, possèdent un estomac à quatre compartiments (rumen, réticulum, omasum et abomasum). Ce système complexe permet une fermentation microbienne pré-gastrique intensive de la cellulose, principale source d'énergie de leur alimentation. Le cheval, lui, présente une anatomie digestive radicalement différente, avec une fermentation post-gastrique, principalement localisée dans le gros intestin.

Anatomie du système digestif équine

Le système digestif du cheval est un long tube musculaire, d'environ 30 mètres de long chez un cheval adulte, organisé en plusieurs sections distinctes, chacune jouant un rôle spécifique dans la digestion.

L'estomac monogastrique : un estomac simple mais crucial

Le cheval possède un estomac monogastrique, c'est-à-dire un seul estomac, relativement petit (environ 15 à 20 litres de capacité, soit environ 8% du volume total du tube digestif). Sa petite taille impose une alimentation fréquente et modérée, car une surcharge peut rapidement entraîner des troubles digestifs. L’estomac équine est particulièrement sensible aux variations de pH. Les aliments y sont mélangés avec des sécrétions acides et des enzymes digestives pour initier la dégradation des protéines et des glucides.

Contrairement à l'estomac des ruminants, l’estomac du cheval ne participe pas à la fermentation microbienne. Son microbiote est moins diversifié que celui du rumen, se concentrant surtout sur la digestion des protéines et la première étape de la digestion des glucides.

L'intestin grêle : absorption des nutriments essentiels

L'intestin grêle, long de 20 à 25 mètres, est le principal site d'absorption des nutriments. Ici, les enzymes pancréatiques et intestinales dégradent les protéines en acides aminés, les glucides en sucres simples et les lipides en acides gras. Ces nutriments sont ensuite absorbés par la paroi intestinale et passent dans le sang pour être transportés vers les différentes cellules de l'organisme. Le transit dans l’intestin grêle est relativement rapide chez le cheval.

  • Les **enzymes pancréatiques** sont cruciales pour la digestion des protéines, des glucides et des lipides.
  • Les **enzymes intestinales** complètent la dégradation des nutriments à l’échelle cellulaire.

Le gros intestin : centre de la fermentation microbiénne Post-Gastrique

Le gros intestin du cheval, représentant environ 60% du volume total du tube digestif, est composé du caecum (environ 25 à 30 litres), du côlon (plus de 6 mètres de long) et du rectum. Il joue un rôle primordial dans la digestion des fibres végétales. Contrairement aux ruminants où la fermentation est pré-gastrique, la fermentation chez le cheval est post-gastrique, s’effectuant principalement dans le caecum et le côlon.

Des populations importantes de micro-organismes (bactéries, protozoaires, champignons) y dégradent la cellulose et les hémicelluloses, produisant des acides gras volatils (AGV) - acétate, propionate, butyrate - qui constituent une source d’énergie majeure pour le cheval. Le gros intestin est également le lieu de synthèse de vitamines du groupe B et de la vitamine K.

  • Le caecum assure une fermentation importante des fibres végétales non-digérées au niveau de l’intestin grêle.
  • Le côlon assure la réabsorption de l'eau et des électrolytes.

L'efficacité de la fermentation post-gastrique est inférieure à celle de la fermentation pré-gastrique des ruminants. Par conséquent, une alimentation riche en fourrage est essentielle pour assurer un apport constant de substrat pour les micro-organismes du gros intestin.

Le rôle du foie et du pancréas dans la digestion équine

Le foie joue un rôle vital dans le métabolisme des nutriments absorbés, et produit la bile nécessaire à la digestion des lipides. Le pancréas secrète des enzymes digestives essentielles (amylase, lipase, protéases) qui aident à dégrader les glucides, les lipides et les protéines dans l'intestin grêle. Une production insuffisante de bile ou d'enzymes pancréatiques peut perturber la digestion et entraîner des troubles.

La mastication joue un rôle essentiel, car une mastication incomplète réduit l’efficacité de la digestion et augmente les risques de coliques. La salive, riche en bicarbonate, contribue à maintenir un pH optimal dans l'estomac et à lubrifier le bol alimentaire.

Adaptation à l'alimentation et au mode de vie

Le système digestif du cheval est remarquablement adapté à son régime alimentaire herbivore et à son mode de vie. Comprendre ces adaptations est crucial pour assurer sa santé et sa performance.

Régime alimentaire optimal pour une digestion efficiente

Un régime alimentaire adapté est indispensable pour le bien-être du cheval. Une alimentation riche en fourrages de bonne qualité (herbe, foin) est essentielle pour maintenir une fermentation constante et optimale dans le gros intestin. La consommation quotidienne d’environ 15 kg de fourrage par jour est nécessaire pour une production suffisante d’acides gras volatiles. Un apport excessif de céréales peut déséquilibrer le microbiote intestinal, acidifier le gros intestin, et favoriser des troubles digestifs. L’apport régulier d’eau fraîche est également primordial pour la digestion et l'hydratation.

  • Le foin représente une source de fibres indispensable pour la santé digestive.
  • L’herbe fraîche assure un apport en vitamines et minéraux.
  • Les céréales doivent être administrées avec modération et en complément du fourrage.

Troubles digestifs fréquents chez le cheval

Les troubles digestifs sont fréquents chez les chevaux, et sont souvent liés à un régime alimentaire inadéquat ou à une gestion inadéquate de l'alimentation. Les coliques, par exemple, sont un problème majeur et peuvent être causées par une surcharge de l'estomac, une obstruction intestinale, ou une inflammation. Des ulcères gastriques peuvent survenir suite à un stress ou à une alimentation pauvre en fibres. Des diarrhées peuvent résulter d'une fermentation excessive ou d'infections.

Une surveillance rigoureuse de l'alimentation, une gestion du stress et une hydratation suffisante sont des éléments importants pour prévenir ces troubles. Dans certains cas, l'intervention d'un vétérinaire est nécessaire.

Le cheval : un herbivore Post-Gastrique

Le cheval est considéré comme un herbivore post-gastrique, car la majeure partie de la fermentation des fibres se déroule après l'estomac, dans le gros intestin. Ce système diffère significativement de celui des ruminants, où la fermentation prédomine avant l'estomac. Cette particularité explique les besoins nutritionnels spécifiques du cheval et la nécessité d'un apport régulier et important de fourrage.

Comprendre le fonctionnement unique du système digestif du cheval est essentiel pour garantir sa santé et son bien-être. Une alimentation appropriée, une gestion attentive du régime alimentaire et une surveillance médicale régulière sont des éléments clés pour maintenir une digestion optimale.